Ça pousse !

Elzeard et les couverts végétaux

Aujourd'hui en France le secteur légumier est de plus en plus contraint à repenser son fonctionnement et ses méthodes de production. La question environnementale est au cœur des débats depuis quelques années. De nombreux enjeux environnementaux vont de pair avec l'agriculture et les producteurs sont les premiers à se confronter aux problèmes associés.. Parmi eux l'érosion, l'appauvrissement des sols et une perte de la biodiversité sont des éléments régulièrement constatés. C’est pour cette raison qu’une transition des systèmes agricoles vers l’agroécologie est un réel enjeu pour la production légumière conventionnelle et biologique. Les agriculteurs mettent en place de nombreuses pratiques/méthodes pour y remédier. Nous avons choisi de nous intéresser à l'une d'elles dans cet article !

Face à ces problématiques nous souhaitons aborder le sujet des couverts végétaux, ensemble de pratiques de plus en plus prisées des producteurs et que vous utilisez peut être déjà ! L’évolution vers ces pratiques est également soutenue par l'État qui impose la couverture hivernale des sols en interculture depuis 2012 pour toutes les parcelles situées en zones vulnérables. Une mesure qui concerne tout de même 55% des surfaces agricoles françaises. Voir l’article
 
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Définition d’un couvert végétal et de ses avantages :


Avant d’aborder les réponses que le numérique peut apporter aux producteurs qui utilisent les couverts végétaux, revenons brièvement sur ce terme pour les personnes qui ne le connaissent pas encore.

Un couvert végétal est par définition un ensemble de végétaux recouvrant le sol de manière permanente ou temporaire, semée entre deux cultures de vente ou en association avec la culture précédente (cf. dico agroécologie). Le terme de “couverts végétaux” regroupe un grand nombre de pratiques. On distingue le couvert végétal d’une culture traditionnelle du fait qu'il n'a pas de vocation alimentaire mais plutôt agronomique, économique ou écologique. Les différents types de couverts ont leurs caractéristiques et objectifs propres et c'est ce qui fait leur intérêt: répondre à des enjeux variés !

Il existe différentes manières de les classer en fonction des objectifs poursuivis, des  choix d'espèces et des itinéraires techniques mis en œuvre. On retrouve par exemple les CIPAN pour piéger les nitrates. On aura aussi des plantes compagnes ou des jachères fleuries pour la gestion des adventices. Elles vont notamment permettre de contrôler des maladies ou des ravageurs, tout en attirant des insectes pollinisateurs. On peut encore citer un nombre important de couverts végétaux divers et variés avec les prairies temporaires, les couverts mellifères,  les CIVE… qui auront chacun des bénéfices différents en fonction de leur utilisation.


La démocratisation croissante de ces pratiques chez les producteurs vient des nombreux avantages qu’elles peuvent apporter. Les couverts végétaux ont entre autres pour effet de :

  • Limiter le développement des adventices 
  • Améliorer l’état structural des sols avec une meilleure porosité grâce à l’enracinement 
  • Apporter de la fertilité organo-minérale grâce à la destruction du couvert et à sa désintégration progressive


  • Limiter le lessivage de l’azote, prévenant ainsi des impacts sur les ressources en eau, notamment dans les zones vulnérables
  • Limiter la dégradation du sol en diminuant l’érosion, le tassement et les phénomènes de battance 


  • Favoriser l’activité biologique du sol ainsi que la biodiversité qui améliorent la régulation biologique de certains bioagresseurs.
  • Si il y a des légumineuses dans leur composition, les couverts végétaux peuvent permettre de fixer de l’azote atmosphérique et de le restituer après la destruction du couvert.

Toutefois la mise en place de couverts végétaux n’est pas si simple et les retours sur investissement ne sont pas systématiques. En premier lieu, il convient de faire le bon choix d'espèces en fonction des objectifs et de leur hiérarchie, de la saison, du terroir, etc. Ces éléments sont cruciaux à prendre en compte pour obtenir de bons résultats. On observe également d’autres contraintes, notamment les modes de destruction à privilégier en fonction des espèces semées, les exigences des prochaines cultures, les équipements mobilisables... Il faudra donc adapter ses choix à la structure et à la texture de son sol, aux cultures présentes dans la rotation, au type de culture (plein champ ou sous abri), à la saison, etc.

Tous ces facteurs ne doivent pas être négligés si l’on souhaite réussir ses couverts végétaux et maximiser leurs impacts. Pour vous aider lors de cette prise de décision, il existe différentes ressources. Il est possible de trouver différents articles web et livres qui vous aideront à faire des choix éclairés en améliorant vos connaissances sur le sujet. Il existe également des outils en ligne pour vous aider à prendre les meilleures décisions quant au choix de vos couverts !


Les aides et réponses du numérique


Les outils numériques dans le domaine des couverts végétaux sont multiples. Ils peuvent répondre à différents objectifs, tels que l’aide à la décision quant au choix du meilleur couvert à mettre en place, sur le mélange de cultures, le meilleur moment pour détruire le couvert et la méthode à employer. Ils se présentent pour la majeure partie sous la forme de questionnaire à compléter avec les informations de votre exploitation pour ensuite vous proposer les solutions adaptées. Ces questionnaires peuvent se présenter sous la forme de tableaux Excel ou bien d’outils numériques à télécharger ou à utiliser depuis une page Web. Les questions abordent principalement des points essentiels tels que :

  • Le contexte agronomique de la parcelle (période de semis, culture présente et suivante)
  • Les caractéristiques du couvert recherchées (mode de semis, période et mode de destruction)
  • Les objectifs ciblés (fertiliser la culture suivante, améliorer le taux de matière organique du sol, piéger les nitrates…)


Par exemple l’outil “CAPS” développé par l’ITAB se présente sous forme de fichier Excel :


Dans cet outil on retrouvera plusieurs onglets. Il y aura en premier lieu un mode d’emploi sur l’utilisation de l’outil. Ensuite vient la liste de questions pour aider dans le choix du couvert, à noter que cet outil n’est prévu que pour la culture de colza ! Dans l’onglet “espèces” vous pourrez retrouver des fiches de cultures qui vous aideront à mettre en place le couvert préconisé. Pour finir un onglet “résultats” vous permettra de classer les espèces les plus appropriées et de noter vos retours. 

L’outil CAPS est très précis dans le choix des couverts végétaux puisqu’il se concentre spécifiquement sur leur association ou rotation avec la culture de colza. L’autre avantage de cet outil est qu’il permet une extraction des données rapide depuis Excel.

L'autre outil a été créé par l’institut végétal Arvalis et est en ligne sur une page web :


Dans cet outil, vous pouvez sélectionner un couvert parmi des espèces pures, des mélanges ou les deux à la fois. Différents types d'associations sont incluses: on retrouve entre-autres des non -légumineuses associées, légumineuses associées, mélanges de non-légumineuses et légumineuses. Toutes peuvent être mises en place mais il vous appartient de vous assurer de leur adéquation avec votre contexte agronomique, en complétant le formulaire dédié. L’outil s’adapte à vos choix, cependant contrairement à CAPS il ne détaille pas les avantages et inconvénients de chaque couvert, sur le plan des restitutions notamment. Le nombre de couverts proposés et l’étendue des cultures concernées sont plus larges, le choix est donc moins précis.

Les ensembles de combinaison de facteurs sont complexes à appréhender : c'est là que le numérique intervient. Tester manuellement ce qui est réalisable est en effet très fastidieux. Grâce aux algorithmes présents dans ces outils il est possible d’envisager un grand nombre de possibilités et un changement de paramètre entraîne une modification des autres facteurs de façon automatique. Vous l’aurez compris, le numérique peut apporter un support d’aide à la décision en matière de choix du couvert végétal à mettre en place, tout en limitant les tâches chronophages de calculs et de réflexion. De la même façon, les outils numériques peuvent se montrer utiles pour d’autres aspects que celui du choix du type de couverts. 

Nous allons nous attarder sur un outil différent des autres, dont l’objectif n’est pas uniquement le choix du couvert mais plus généralement la prise en compte de l’ensemble des contraintes tel que les méthodes de destruction ou l’équipement disponible. En effet le logiciel “MERCI”, développé par l’équipe de la CRA Poitou-Charentes en 2009, est très élaboré et intègre l’aide à la décision sur un élément primordial de l’itinéraire technique : la destruction du couvert. Il propose principalement une méthode d’estimation des éléments restitués par les cultures intermédiaires

À partir de la biomasse mesurée de chaque espèce présente dans le couvert, sont calculées les quantités d’éléments, pratique qui s’adapte à un grand nombre de mélanges d’espèces, qu’il s’agisse d’un couvert, d’une culture ou d’un mélange fourrager, peu importe leur complexité. Le deuxième intérêt de l’outil est qu’il ne se limite pas à la mesure des éléments que la plante absorbe mais également sur ce qu’elle sera capable de restituer au sol à un instant “t” avec la méthode de destruction “x”. Le calcul repose sur une mesure de la biomasse des couverts à la date de destruction ou lorsque celui-ci ne pousse plus. Cette date va déterminer le rapport C/N (carbone / azote) du couvert et par conséquent sa capacité à fournir de l’azote rapidement. En règle générale, plus le couvert est développé, plus le C/N est élevé et plus la libération d’éléments est lente. 

Le logiciel “MERCI” propose donc une approche différente des autres outils, tant sur sa complexité que sur sa démarche basée sur une réponse complète et sur des calculs précis qui vous permettra d’évaluer au mieux les actions de destruction à mener pour vos couverts. Tâche d’ordinaire assez ardue et désormais réalisable en quelques clics ! 


Enjeux du numérique, les réponses d’Elzeard :


Comme vous aurez pu le constater, il existe de multiples outils d’aides à la décision centrés sur la gestion de couverts végétaux en grandes cultures, complémentaires dans leurs approches. Mais qu’en est-il du maraîchage ?

En maraîchage, les enjeux relatifs au choix des espèces et aux itinéraires techniques se trouvent décuplés. Cette difficulté supplémentaire provient de la diversité des cultures et de leurs calendriers, de la complexité des rotations, des surfaces plus restreintes et des équipements plus légers. Face à ce système plus mouvant et complexe. Il devient nécessaire d’avoir une approche plus complète, qui permettra de s’adapter au maraîchage et plus généralement aux productions très diversifiées.

La solution Elzeard peut répondre aux problématiques rencontrées par les producteurs sur la planification des couverts végétaux et celle des tâches associées. A cette fin, nous travaillons actuellement à l’intégration des couverts végétaux comme des itinéraires techniques propres, au même titre que des cultures. On retrouvera dans ces itinéraires techniques, les périodes de semis et de destruction prévues, les densités de semis, les modes de destruction, le rendement attendu en matière sèche… De cette manière vous pourrez paramétrer vos différents couverts végétaux et les intégrer directement dans votre planification. Il sera ensuite possible de les visualiser dans votre assolement, en parallèle des cultures à vocation économique .

Il ne vous restera plus qu’à mettre à jour l’itinéraire technique de votre couvert pour l'adapter à vos objectifs et à votre contexte pédoclimatique. C’est également dans ce cas que l’aide à la décision intervient, en éclairant ces choix grâce à l’exploitation de données de références, directement depuis l’appli, au même titre que les autres outils présentés dans cet article : éléments restitués, mélanges de référence, adaptabilité des espèces au terroir, périodes de semis et de destruction. Et comme chaque contexte est différent, nous travaillons également au développement d’outils de mesure de performance sur les couverts, pour vous permettre de capitaliser sur vos propres données ! 

Rédaction par Théo Daout



Sources et ressources supplémentaires :
https://www.terre-net.fr/couverts-vegetaux/t216
https://www.lafranceagricole.fr/tracteur-et-materiel/cipan-un-outil-gratuit-pour-choisir-le-bon-couvert-vegetal-1,0,544721257.html
https://www.grab.fr/wp-content/uploads/2020/02/FICHE-GRAB-engrais-verts.pdf
https://www.produire-bio.fr/articles-pratiques/guide-technique-sur-les-engrais-verts-en-maraichage-bio/
https://www.produire-bio.fr/articles-pratiques/reussir-ses-engrais-verts-en-maraichage-biologique-diversifie/
http://itab.asso.fr/downloads/Fiches-techniques_maraichage/ENGRAIS%20VERTS.pdf
  • Exemple d’outil
http://vm193-134.its.uni-kassel.de/En.DiversiWiki/index.php/Tools_and_Resources
  • Schémas de couverts végétaux :
https://www.researchgate.net/figure/Le-systeme-de-semis-direct-sur-couvert-vegetal-concu-par-le-Cirad-en-zone-tropicale_fig25_281073765
  • Mode de destruction :
https://ecophytopic.fr/alternatives-glyphosate/proteger/rouler-les-couverts-vegetaux-pendant-la-periode-dinterculture
  • Semis et couverts :
https://www.cultivar.fr/technique/le-semis-la-volee-de-couverts-vegetaux-se-repand-en-hauts-de-france
 

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